Le concept scénographique de KURIOS – Cabinet des curiosités situe le spectateur dans un lieu précis, soit le cabinet des curiosités d’un Chercheur rempli d’objets insolites ramenés de voyage. Campé dans ce qu’on pourrait qualifier de futur antérieur, l’environnement scénique fait de nombreux clins d’œil aux débuts de la révolution industrielle du XIXe siècle sans pour autant s’ancrer dans cette époque. « C’est un peu Jules Verne qui vient à la rencontre de Thomas Edison dans une réalité alternative, hors du temps », explique le scénographe Stéphane Roy.
Dans cette réalité parallèle, c’est plutôt le moteur à vapeur, et non le moteur à combustion, qui s’est imposé en roi et maître. Le décor évoque le début de l’ère de l’industrialisation, mais comme si les progrès de la science et de la technique avaient bifurqué dans une autre direction en prenant une dimension plus humaine.
Une réalité poétique alternative
L’espace scénique est délimité par deux « cabinets », l’un portant sur le thème du son; l’autre, sur le thème de l’électricité. Fabriquées par le Chercheur au moyen de pièces amassées au fil du temps, ces deux énormes tours sont aussi des « capteurs d’ondes » constitués d’éléments hétéroclites : des gramophones, de vieilles machines à écrire, des ampoules électriques, des turbines, etc. En réalité, la plupart de ces objets ont été récupérés dans des parcs à ferraille, démantelés, amalgamés, recouverts d’une patine et connectés les uns aux autres par des tuyaux.
Les deux cabinets sont reliés à l’arche principale – un autre capteur d’ondes – qui domine la scène. L’ouverture au centre, en fond de scène, évoque la bouche d’un tunnel creusé dans une montagne pour laisser passer un chemin de fer; elle sert aux entrées et aux sorties de scène des artistes, des équipements et des accessoires.
Le spectacle est un éloge à l’imagination et à la curiosité. Dans cet univers bricolé et amalgamé, on assiste à la rencontre de choses préexistantes. « Tous ces objets, qu’il s’agisse d’un clairon ou d’une machine à écrire, arrivent avec leur propre histoire, et c’est dans l’amalgame qu’émerge un nouveau sens. Comme quoi le tout est plus grand que la somme de ses parties », dit Stéphane Roy.
La main mécanique
Une énorme main mécanique d’inspiration steampunk apparaît à trois reprises durant le spectacle, tantôt comme personnage, tantôt comme surface de performance. Tout en fibre de verre, la main est un automate confectionné à l’aide de pièces diverses évoquant le bois, le métal, le marbre et le fer. Elle est actionnée par deux personnes à l’aide d’un pédalier. Le scénographe a imaginé que le Chercheur avait construit cette main à l’aide d’objets inusités collectionnés lors de voyages au fil du temps : un doigt en bois trouvé à Sienne à l’époque de la Renaissance, un bout d’ongle déniché dans un temple grec, etc. La main mécanique est l’incarnation de l’éthique DIY (do it yourself) et évoque la richesse et les matières de l’époque des grandes découvertes scientifiques. C’est sur cet accessoire que se déroule le numéro de contorsion et le tableau « Le continent des mains ».
Structures autonomes
Pour mettre les numéros du spectacle en évidence, chacun est présenté sur une structure autonome – un module ou un promontoire – intégrée à l’environnement scénique. On a abaissé la scène de 35 cm et installé une banque tout autour de la piste (un petit trottoir surélevé d’une largeur de 60 cm doté de deux rails sur lesquels sont installés des chariots qui transportent divers accessoires).
Sur leurs structures distinctes, les numéros du spectacle sont en fait les curiosités du cabinet qui prennent vie une à une. Dans le numéro de duo cadre, par exemple, une énorme boîte en cuir s’ouvre pour révéler, au milieu de somptueux matelas marocains, deux personnages évoquant des poupées mécaniques. Ou encore, les artistes du numéro de courroies aériennes utilisent, comme surface de réception, une énorme « goutte de mercure » en fibre de verre recouverte de feuille d’argent.
Un « vrai » faux plancher de bois
La construction du plancher de scène a représenté un défi technique de taille. Pour reproduire l’effet d’un vrai plancher de bois, une patine 3D a été créée. On a coulé du silicone sur des planches centenaires pour produire un moule dans lequel on a versé du vernis. En tout, vingt-six couches de peinture et de vernis transparent ont été appliquées en alternance pour obtenir le fini du bois.
Gros plans sur la scénographie
- La Main mécanique pèse 340 kg et mesure 4,6 m par 2,1 m.
- Le train dans le numéro « Chaos synchro » se déploie du costume de M. Microcosmos sur une distance de 19 m. La structure du train est en aluminium et la paroi extérieure est constituée d’une toile principalement de vinyle. Les fenêtres sont fabriquées de moustiquaires de fibre de verre.
- D’une hauteur de 3,5 m, la chaise du Chercheur est ornée de pièces métalliques recyclées.
- Faite de tissu et munie d’un système de soufflerie intégré, la montgolfière dans le tableau « Le continent des mains » est en fait un écran de projection de 4,3 m de diamètre. La nacelle est composée de métal et de tulle.
- La turbine en fond de scène derrière laquelle sont installés les musiciens est faite de plastique thermoformé sur une structure métallique.
- La bâche en fond de scène est fait de 680 mètres carrés de tissu patiné.
- La scène est composée de 160 panneaux indépendants.